Historique des gels anti-blattes
Les gels anti-blattes ont été introduits aux États-Unis il y a près de 25 ans et ils sont aujourd'hui utilisés dans le monde entier. La plupart des opérateurs de lutte antiparasitaire pourraient même penser que les gels anti-blattes ont toujours existé. Seuls les opérateurs les plus expérimentés peuvent se rappeler de l’époque à laquelle des pulvérisations de surface résiduelles étaient la seule solution contre l’infestation par les blattes. Découvrez-en davantage sur l'évolution des gels anti-blattes aux Etats-Unis et en Europe.
Le principal inconvénient des appâts en gel était la longueur de leur délai d’action : la substance active utilisée dans les appâts de première génération était l’hydraméthylnone, une substance à action lente. Au cours du temps, cet inconvénient s'est effacé au profit des avantages évidents liés à l'utilisation des gels. Ils ont rendu possible l'élimination des traitements nocturnes par pulvérisation des sites commerciaux tels que les restaurants et l’industrie alimentaire. Leur application est généralement rapide, ils requièrent une coopération limitée des résidents et permettent un excellent contrôle de l’ensemble des colonies. Leur effet primaire est la destruction des insectes qui consomment directement l’appât, mais ces blattes intoxiquées peuvent mourir et déposer des excréments dans leur habitat. Les petites larves qui ne peuvent pas s’éloigner dépendent de ces carcasses et de ces dépôts fécaux pour se nourrir et sont tuées par cet effet secondaire, également appelé effet « domino ».
Principaux avantages de cette solution
Les gels anti-blattes ont transformé les habitudes de travail des opérateurs de lutte antiparasitaire dans le monde entier. Dans de nombreuses situations telles que les zones résidentielles, les restaurants, les zones sensibles et toutes les situations de contrôle dans lesquelles les infestations de blattes sont confinées dans une zone définie, les gels anti-blattes représentent une solution de choix. Des performances excellentes, une facilité d’utilisation, des placements discrets ainsi qu’un mode d’application non perturbant sont les avantages qui sont à la base du succès de ce groupe de produits.
Retour sur l'apparition du phénomène de résistance aux appâts aux États-Unis
Après des années d’utilisation intensive, un événement étrange s’est produit aux États-Unis à la fin des années 90. Des populations de blattes germaniques ont résisté à des traitements à base d'appâts en gel. Après des investigations initiales sur la qualité des produits et traitements employés, il est apparu clairement que ni le produit, ni l’application n’étaient à l’origine de l’inefficacité observée. Les chercheurs se sont alors orientés immédiatement vers la possibilité d’une résistance aux substances actives. Cependant, l’absence d’effet des produits concernait des gels contenant différentes substances actives : des gels contenant du fipronil, de l’hydraméthylnone et de l’imidaclopride étaient tous devenus inefficaces. Initialement, ce problème n’était pas observé quotidiennement, mais sa fréquence et son étendue géographique ont constamment augmenté au cours du temps. Des échecs de traitement ont été rapportés dans de nombreuses régions telles que Porto Rico, la Floride, le Texas et New York.
Les fabricants ont collaboré avec les sociétés de lutte antiparasitaire et des souches ont été collectées sur le terrain sur des sites problématiques. Cela a permis de mettre en évidence que le problème était lié à des changements de comportement des populations de blattes plutôt qu’à une résistance aux substances actives présentes dans les produits. En fait, des blattes allemandes ont développé une aversion pour certains ingrédients alimentaires contenus dans les appâts.
La première découverte concernait des souches de blattes qui n’étaient plus attirées par le glucose. Le glucose est normalement un aliment très intéressant pour les blattes et il est devenu un composant largement utilisé dans les appâts. En temps normal, les blattes possédant une aversion pour le glucose sont désavantagées dans la vie et la reproduction car elles n’exploitent pas une source alimentaire riche en énergie. Lorsque ce même glucose est accompagné d’une substance active anti-blatte, cet inconvénient devient soudainement un avantage évolutif important : rester en vie plutôt que de mourir. Les blattes survivantes se reproduisent et leur descendance présente souvent la même aversion pour le glucose. Après quelques générations, une souche de blatte ayant une aversion pour le glucose s’est développée, et l’utilisation de gels contenant du glucose est devenue inefficace.
En examinant de façon détaillée les blattes ayant un comportement alimentaire anormal, on s'est rendu compte que le glucose n'était pas le seul aliment pouvant causer des aversions. Le fructose ou même un composant inerte tel que le polyéthylène glycol peuvent également être en cause. Le phénomène décrit ci-dessus pour Blattella germanica n’a pas été observé ou décrit à ce jour chez d’autres espèces de blattes économiquement importantes telles que, par exemple, Periplaneta americana et Blatta orientalis.
Aux États-Unis, les fabricants disposant d’installations de recherche ont été les premiers à réagir et ont modifié leurs matrices d’appât. Par exemple, Envu CropScience LP a lancé Maxforce FC Select en 2004 et les problèmes d’aversion aux appâts ont disparu.
Situation dans l’Union Européenne
La question qui inquiète les opérateurs européens de lutte antiparasitaire actuellement est de savoir si le même phénomène se produit ou pourrait se produire en Europe. À ce jour, on ne dispose d’aucune donnée scientifique montrant que l’aversion aux appâts est déjà apparue dans l’UE. Des réponses anormalement lentes des blattes traitées ont été rapportées, mais à ce jour, rien ne prouve que cela soit lié à une aversion pour les appâts. De plus, ces cas isolés ne se sont pas transformés en flambée comme aux États-Unis au début des années 2000. Une différence majeure entre les États-Unis et l’UE concerne les méthodes d’utilisation des produits. Aux États-Unis, les gels anti-blattes ont été et sont toujours notoirement surdosés. Bien qu’un léger surdosage soit généralement bénéfique pour les traitements à base d’appâts (parce que les appâts ne doivent pas s’épuiser avant que le problème ne soit résolu), la formation de dépôts de gel superflus qui restent en place pendant des années jusqu’à l’arrivée de nouvelles blattes peut être un facteur majeur contribuant au développement d’un comportement alimentaire aberrant.
Fondamentalement, il n’existe à aucune garantie qu’une résistance comportementale ou toute autre forme de résistance n’atteigne pas l’Europe. Par conséquent, Envu CropScience estime qu’il convient d’être vigilant et de se tenir prêt.
Stratégies pour le futur : mettre en place des rotations de produit
Le mode d’utilisation le plus susceptible d’augmenter la probabilité de résistance est l’utilisation répétitive du même produit. Plus un produit unique est utilisé longtemps, plus un nuisible peut apprendre à le combattre. Pendant de nombreuses années, le concept de rotation a été sujet à débat dans notre industrie. Il s’agit d’une réelle avancée et d’un outil important dans le contrôle de la résistance. Malheureusement, de nombreux opérateurs peuvent avoir été induits en erreur en pratiquant la rotation uniquement sur la substance active. Alors qu’ils pratiquaient une rotation des substances actives, ils continuaient d’utiliser des produits contenant essentiellement les mêmes ingrédients alimentaires, étant donné que la plupart des gels ont une composition similaire. Les mutations et les changements de comportement des souches de blattes présentant une aversion pour les appâts ne concernent pas la substance active mais les composants alimentaires !
Il doit être souligné à nouveau que le terme produit doit s’étendre au-delà de la substance active utilisée et inclure également les ingrédients alimentaires contenus dans la matrice de l’appât. Comme indiqué ci-dessus, la résistance couvre non seulement la résistance (chimique) à un insecticide, mais également la résistance comportementale à certains composants de l’appât. Par conséquent, la rotation du produit d’appât sur le choix de substance active mais également sur les composants alimentaires dans la matrice est une stratégie qui réduit les risques d’adaptation des blattes à un produit dominant.