Rongeurs : les problématiques en hygiène rurale
Depuis des milliers d'années, l'Europe fait face à des infestations de rongeurs. Si la région ne connait pas de famine à cause de ces nuisibles, l'agriculture et la sylviculture peuvent subir des pertes importantes. Ils peuvent même mettre en péril certaines petites exploitations agricoles. De plus, les rongeurs provoquent des dommages structurels. Enfin, le risque de transmission de zoonoses peut être accru pendant les périodes de forte abondance de rongeurs.
Hygiène rurale : quels rongeurs sont problématiques ?
Les rongeurs sont un réel problème dans les fermes où la nourriture et les sites de nidification sont abondants. Les principales espèces qui concernent les agriculteurs et les éleveurs sont :
- le rat noir (Rattus rattus),
- le rat brun (Rattus norvegicus),
- la souris (Mus musculus domesticus),
- le campagnol terrestre (Arvicola terrestris).
S’ils ne sont pas contrôlés, les rongeurs peuvent diminuer considérablement la productivité. En l’absence de données accessibles, il est difficile d’évaluer le coût annuel des dommages causés par les rongeurs en France. Mais on sait que les rongeurs sont l’une des principales causes de dommages aux cultures et aux systèmes électriques dans le monde. On lit fréquemment qu’ils sont responsables d’environ 20 % de tous les incendies dus à des pannes électriques.
100 rats produisent une tonne de déjections et 500 litres d’urine. Ainsi, du point de vue de l’éleveur, aux dommages structurels et à la détérioration des aliments s’ajoute le risque de propagation de maladies au bétail ou à la volaille.
Vecteurs de maladies contagieuses et hôtes de parasites infectieux, les rongeurs contaminent les réserves de nourriture et endommagent les cultures dans le monde entier.
Rongeurs et biosécurité : éviter les zoonoses à tout prix
Les rongeurs sont porteurs de parasites : puces, acariens, tiques. Ils sont également porteurs de maladies dont beaucoup sont transmissibles aux humains, animaux de compagnie et animaux d’élevage. On peut citer par exemple la leptospirose, les salmonelles, les ténias, la tuberculose... Certaines maladies ont des implications financières mineures. Mais d’autres comme la salmonellose ou la leptospirose peuvent être plus coûteuses.
Ils vont transmettre les agents pathogènes par contact direct ou indirect, via l’urine, les excréments et la salive. Ils peuvent contaminer les aliments pour animaux et les approvisionnements en eau. Ainsi, des maladies peuvent se propager des zones contaminées aux zones non contaminées et d’un animal à l’autre. En outre, des rats affamés peuvent parcourir 2 km la nuit pour se nourrir. Cela augmente le risque de maladie entre les unités d’élevage.
Maladie |
Agent |
Hôte / transporteur |
Bordetellose | Bactéries | Rats |
Encéphalomyocardite | Virus | Rats et souris |
Leptospirose | Bactéries | Rats et souris |
La maladie d'Aujeszky | Virus | Rats |
Salmonellose | Bactéries | Rats |
Erysipèle du porc | Bactéries | Rats |
Toxoplasmose | Protozoaire | Divers rongeurs |
Trichinose | Nématode | Rats |
Exemples des maladies porcines propagées par les rongeurs
Les rongeurs endommagent les bâtiments d'élevage
Les rongeurs causent des dommages physiques aux structures. Leurs dents poussent sans cesse… Donc le rongeur doit empêcher ses dents de devenir trop longues. Il endommage ainsi le bois, les plastiques et le béton utilisés dans l’exploitation agricole, ainsi que les lignes électriques.
Rats et souris présentent également un risque d’incendie pour la ferme. En effet, ils arrivent à se glisser dans des zones difficiles d’accès. Ils entrent ainsi en contact avec des circuits sensibles qui se connectent aux réseaux électriques. Ils endommagent le câblage électrique et peuvent enlever l’isolation des plafonds et des murs. En rongeant les fils électriques et les matériaux d’isolation, ils peuvent provoquer des courts-circuits et des incendies.
Attaques de rongeurs contre l'agriculture : dommage aux culture
Les dommages et les coûts liés à la production végétale apparaissent généralement dans des publications locales difficilement accessibles à l’échelle internationale. Mais les données croisées démontrent l’importance de l’impact économique des rongeurs dans le monde.
Les dégâts causés par les attaques de rongeurs ont un impact important sur la valeur des cultures. Ainsi, l’activité des rongeurs a une incidence sur la capacité des agriculteurs à répondre à la demande du marché en produits agricoles. Cela peut déclencher une réaction en chaîne qui nuit à la fois aux fournisseurs et aux consommateurs, en raison du rôle clé de l’agriculture dans l’économie mondiale.
Quelques chiffres
D’après la Rice Knowledge Bank, partout dans le monde, les rongeurs causent environ 30% de dégâts annuels aux cultures. Les rats à eux seuls détruisent au moins 1% des cultures céréalières mondiales chaque année. Dans de nombreux pays en développement, ce nombre est supérieur de 3 à 5%.
L’Est du Kenya signale environ 20% de dommages aux plantations de maïs, 34 à 100% de perte de jeune blé et 34% de perte d’orge. L’Éthiopie estime une perte de 15 à 40% sur les légumineuses et les oléagineux, de 13 à 29% sur les tubercules, de 9 à 48% sur le café et de 21 à 60% sur le coton à cause des rongeurs nuisibles.
Le California Department of Food and Agriculture a mené une étude en 2009 sur les effets annuels des rongeurs sur 22 produits agricoles dans 10 comtés de l’État de Californie. L’étude a produit les résultats suivants :
- 168 millions de dollars à 504 millions de dollars de perte de revenus estimée,
- 2 100 à 6 300 emplois perdus.
En Inde et en Asie du Sud-Est, les pertes de récoltes dues à l’infestation de rongeurs sont bien pires. Les chiffres compilés par la Rice Knowledge Bank montrent qu’en Inde, environ 25 à 30% des céréales après récolte sont perdues chaque année à cause des rongeurs. En ce qui concerne le marché national des aliments stockés et des céréales de semence, le problème des rongeurs a causé des pertes de plus de 5 milliards de dollars américains. Cependant, selon certains analystes, ces chiffres sont des estimations prudentes...
Quelles espèces endommagent les cultures en Europe ?
D’un point de vue économique, ce sont les infestations de campagnols dans les régions tempérées qui causent les dommages les plus importants aux cultures agricoles et à la production forestière :
- le campagnol commun (Microtus arvalis),
- le campagnol des champs (M. agrestis),
- le campagnol roussâtre (Myodes glareolus),
- le campagnol aquatique (Arvicola amphibius et A. scherman).
Rats et souris : la détérioration des stocks et le gaspillage alimentaire
Les rats consomment quotidiennement 7% de leur poids – soit environ 25 grammes de grains par jour. Les souris, elles, en mangent jusqu’à 20% de leur poids – soit environ 3 à 4 grammes par jour.
Rats et souris contaminent les approvisionnements alimentaires, et l’une de leurs principales cibles est le grain. Comme évoqué plus haut, les rats laissent derrière eux des urines, matières fécales et agents pathogènes qui rendent la nourriture impropre à la consommation.
En outre, lorsque les rats attaquent un sac de céréales, de farine, de sucre ou autre, tout le contenu peut se répandre. De plus, des piles entières de sacs peuvent tomber au sol si les cadres de support sont rongés. Tout espace de stockage peut potentiellement basculer si son support a été démoli par les rongeurs.
A titre d’exemple, on estime que le volume de la détérioration des aliments en Asie nourrirait 200 millions de personnes par an. La Malaisie a estimé que la perte annuelle de sa production d’huile de palme dépassait 88 millions de dollars.